vendredi 11 avril 2008

A la recherche de l'"herba santonica" ... (début de l'enquête !)

On retrouve dans plusieurs écrits des mentions d'une sorte d'armoise exploitée par les Santons : absinthe de Saintonge, herbe de Saintonge, armoise de saintonge, artemisia santonica, santonicon, santonion, santonica, herba santonica.

Pline l'ancien, Dioscoride, Marcellus, Scribonius Largus, et bien d'autres encore la mentionnent et tous s'accordent pour dire que les Santones avaient su tirer profit de cette plante et en faisaient commerce.

En revanche, lorsqu'il s'agit aujourd'hui de l'identifier précisément, les avis divergent :

Artemisia absinthium ?
Artemisia maritima ?
Artemisia cina ?
Artemisia gallica Wild ?

Pour certains il est quasiment certain qu'il s'agissait de l'a. maritima. Du temps des Santones, les côtes étaient différentes et l'océan occupait une partie de la Saintonge actuelle. L'a. maritima poussant sur les rivages, elle aurait pu y être présente. J'aurais penché pour elle, moi aussi, si je n'étais pas tombée sur des passages de l'Histoire naturelle de Pline (livre 27) :

« II y a plusieurs espèces d'absinthe : la santonique (artmisia santonica, L.), appelée ainsi d'une cité des Gaules; la pontique, du Pont, où les bestiaux s'en engraissent, ce qui fait qu'on les trouve sans fiel (XI, 75) : c'est la meilleure absinthe; celle d'Italie est beaucoup plus amère; l'intérieur de celle du Pont est doux.» Pline l’ancien, Histoire naturelle, livre 27, XXVII

« Il est aussi une absinthe marine (XXXII, 31, 5) (artemisia maritima, L.), nommée par quelques-uns seriphium; la plus estimée croît à Taposiris d'Égypte. » idem, XXIX

L'herbe des Saintonges ne serait alors pas la même que l'a. maritime ? ...


D'autres personnes (http://pagesperso-orange.fr/raoul.perrot/absinthe.htm ) la rattachent plutôt à l'a. gallica Wild, qui ressemblerait à l'a. maritima.

Dioscoride écrit également que l'herbe de Saintonge "tue les vers". Toutes les armoises n'étant pas forcément antihelminthiques (mais c'est le cas pour a. cina, a. maritima et a. absinthium http://www.ienica.net/crops/artemisia.htm ), il faudrait vérifier que l'a. gallica l'est. Mais je n'arrive pas à trouver beaucoup de documents sur elle pour le moment ...

Quant à a. absinthium, je ne suis pas sûre qu'à l'époque elle poussait en terre santone. Certains mentionnent des relations amicales avec les Helvètes antérieures à -58 avant J.-C. (date de la tentative de 'migration' des Helvètes chez les Santons relatée par César), et ont imaginé l'hypothèse que les Helvètes leur auraient amené l'a. absinthium.

...?

Je ne sais plus trop quoi penser de tout ça, d'autant plus que je ne connais ni l'a. cina, ni l'a. gallica !...

...

Un utilisateur du forum Aremorica dit avoir consulté à la bibliothèque de Saintes un ouvrage qui m'en apprendrait peut-être plus : " L'absinthe de Saintonge ou Santonique ", de J.A Guillaud.

Peut-être une piste ?!
Et se rendre sur nos beaux rivages océaniques pour essayer de démêler l'affaire ?!

Armana

mardi 8 avril 2008

Mégalithes - Forêt de Boixe

Ballade en forêt de Boixe hier après-midi. Premier arrêt : la "pierre dite du sacrifice".

C'est tout ce qu'il reste d'un ancien tumulus aux dimensions impressionnantes : environ 4 m de haut pour 45 m de diamètre et 140 m de circonférence. Il faisait partie d'une vaste nécropole néolithique constituée de onze tumulus et dont celui-ci était le plus volumineux.

Ce tumulus a été détruit au XIX° siècle pour récupérer ses pierres afin de construire une route (humpfff... :c[ ...). Son nom de "pierre du sacrifice" vient de cette époque : les carriers, n'ayant pas réussi à débiter ce gros bloc de quinze tonnes, laissèrent en plein milieu une "saignée" dûe à une tentative de fracturation.

"Cette saignée a été confondue avec une rigole pour l'écoulement du sang et le bloc interprété comme un monument voué aux sacrifices rituels et à la magie noire.

Mais une légende beaucoup plus ancienne a traversé les siècles. Celle-ci nous laisse entendre que la chambre de ce dolmen était l'habitation de petits hommes velus dotés d'une force prodigieuse. Si forts qu'ils auraient porté sur leurs têtes les énormes blocs de pierre qui servirent à construire les parois de la chambre et la couverture."

(Retranscription du panneau 'explicatif' sur place. Assez amusante l'utilisation du mot "saignée" juste avant de parler de sacrifices !!!!! )

Le lieu est beau, situé au milieu d'une forêt jeune, mais composée d'essences particulières. Une flore intéressante, également, plein d'orchidées et de plantes qui ne poussent pas par chez nous et que je ne connais pas forcément.

[ A ce propos, si par hasard quelqu'un connaît ces deux plantes, cela m'intéresse (laisser un commentaire) ! Dur de reconnaître avec simplement les feuilles...


La première fait vaguement penser à l'achillée par la forme de ses feuilles, et quand on les froisse, l'odeur me fait penser à l'huile essentielle de gaulthérie. Elle est très aromatique.

La seconde (deux dernières photos), en revanche, pas d'odeur ni de goût particulier. Au début, j'ai pensé à une sorte d'artemisia, mais les feuilles sont vraiment longues... Et même couleur au-dessus et en-dessous des feuilles, très légèrement argentée.]


Nous nous sommes ensuite rendus un peu plus loin, à un tumulus restauré récemment, et qui faisait partie de ce groupement.


Le lieu est très beau et nous invite à revenir y faire un travail ; mais il est proche de la route et fréquemment visité.

Retranscription d'un passage du panneau explicatif :

"Le dolmen date de la première moitié du IV° millénaire avant J.C, voire du V°.

Il comporte une chambre centrale couverte d'une unique table de pierre. Les parois sont entièrement constituées de piliers (orthostates) soigneusement aplanis avec des pics en silex et admirablement ajustés les uns aux autres. Une dalle verticale (restituée) la séparait en deux.

Sur la paroi ouest, une porte taillée aux dépens de deux orthostates ouvre sur une petite chambre entièrement construite en dalles. Le couloir, au plafond en grande partie reconstitué, est bordé de deux parois où alternent orthostates (d'origine) et murettes de pierre sèche (reconstituées).

Dans sa paroi nord, peu après l'entrée, s'ouvre une porte donnant accès à une petite chambre au plafond bas, aux parois constituées d'orthostates et de murets de pierre sèche (ces derniers en partie reconstitués).

Le tumulus (cairn) qui recouvre couloir et chambres, entièrement construit en pierre sèche, est constitué de masses concentriques limitées par des murs."


Armana